SOUSTRAIRE
‘Le plus rassure et il sature aussi ; le moins inquiète et il allège. Idéalement, nous ne devrions pas subir le plus et le moins, ils doivent être considérés ensemble comme un jeu d’équilibre entre des pleins et des vides.
La démarche Soustraire n’est pas un mot d’ordre, c’est à la fois un exercice de réflexion et une attitude à mettre en pratique. Par ce travail j’étudie les formes, les gestes, les possibilités soustractives. Il me force à ramener le moins au même niveau que l’ajout. Le moins n’est pas synonyme de manque et le plus n’est pas synonyme de satisfaction. Les deux sont des moyens de transformation de nos espaces, de nos objets et de nos modes de vie.
Nous dessinons avec le moins : on peut former un objet en retirant progressivement de la matière pour que la forme pleine apparaisse, on peut faire une réserve dans un mur pour qu’une fenêtre existe.
Le moins permet aussi de mettre en doute l’existant. Si le ‘pourquoi’ d’un objet nous échappe, nous pouvons nous en détacher. Quand une forme nous gêne, nous pouvons l’observer comme une curiosité qui pourrait disparaître.’
POURQUOI Y A-T-IL QUELQUE CHOSE PLUTÔT QUE MOINS ?
EXPOSITION
MATHILDE PELLÉ, CHEMIN CREUX
08.06 > 29.12.2024 – Fondation Martell, Cognac
La Fondation d’Entreprise Martell lance son nouveau format d’exposition-résidence et invite la designer Mathilde Pellé à partager et développer sa démarche de recherche Soustraire. En déployant différents aspects du travail mené depuis 2016 – à la fois expérimental, critique, formel et théorique – l’exposition incite à poser un regard attentif sur des objets que nos sociétés proposent et sur les formes qui peuvent advenir par soustraction. Pellé poursuit la question inépuisable qui dirige ses réalisations, sa pensée et son rapport au design : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que moins ? »
EXPOSITION
MAISON SOUSTRAIRE, A POSTERIORI
06.04 > 31.07.2022 – XIIème Biennale Internationale Saint-Étienne
FILM
MEUBLÉ
Film réalisé par Jean-Baptiste Warluzel sur le projet Maison Soustraire – 60 min – 2022
En se rendant à plusieurs reprises dans l’appartement Maison soustraire, le réalisateur Jean-Baptiste Warluzel a pu observer avec sa caméra la transformation de l’espace domestique habité par Mathilde Pellé et son chien Jobard.
Immersion lente, qui s’appuie sur l’usage des objets, le film témoigne des gestes, des adaptations et des habitudes qui sont apparus lors de cet exercice de soustraction matérielle.
résidence
me SOUSTRAIRE
06.09 > 31.10.2021 – site Cap Moderne – Association Eileen Gray . Étoile de mer . Le Corbusier – Roquebrune Cap-Martin
Suite à son appel à résidence pour la saison 2021, l’Association Eileen Gray . Etoile de mer. Le Corbusier – en partenariat avec le Conservatoire du Littoral, propriétaire du site, et le Centre des Monuments nationaux en charge de sa gestion – a retenu la candidature de la designer Mathilde Pellé. Elle sera accueillie sur le site de Cap Moderne du 6 septembre au 31 octobre 2021, pour y développer son projet de recherche Soustraire.
Ce temps de résidence, qui s’intitule «me Soustraire» lui permettra de séjourner au sein du site historique, dans cet environnement naturel coupé de l’habituel, là où d’autres avant elle, sont venus chercher une villégiature, provoquer la frugalité et cultiver un autre quotidien. «J’aimerais me soustraire un moment, pour travailler Soustraire. Si je me plonge un temps avec ma démarche ici, ce sera pour former un écho avec l’histoire du lieu : y habiter et y travailler simplement.»
Poursuivant ainsi ses projets sur la soustraction de matière et d’objets domestiques, Mathilde Pellé profitera de ces deux mois pour opérer un détachement technologique et vivre sans téléphone personnel, sans ordinateur et sans internet. Elle observera les stratégies et les modifications du quotidien qui en découlent et en restituera l’expérience par le biais d’un article. Présupposant que l’absence d’outils technologiques la ramènera à une socialité plus directe, liée à ses rencontres effectives sur le territoire, et qu’en se rendant d’une certaine façon indisponible au lointain, elle sera plus disposée a vivre l’immédiateté de son environnement.
Au delà de cette enquête qui enveloppe son temps de résidence/retraite, elle s’emploiera d’une part à réaliser une première restitution de son projet Maison Soustraire qui sera présentée lors de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2022 ; d’autre part à développer et opérer un travail manuel de soustraction de matière sur de grands panneaux échantillons de tissus.Ces deux pratiques, l’une de la pensée, l’autre du geste, devraient lui permettre de développer les multiples aspects de son projet de recherche. Les hypothèses abordées : mettre en doute une présence, assumer le dépouillement d’une forme, reconfigurer sans ajouter, visent toutes à exercer le moins, un potentiel sous-estimé, qui est pourtant une direction comme une autre à sonder.
projet expérimental
MAISON SOUSTRAIRE
2020-2021 – projet expérimental réalisé au sein du Deep Design Lab – Pôle Recherche de la Cité du Design et co-produit par l’Ecole Urbaine de Lyon – Etudes urbaines anthropocènes, avec le soutien de l’Agence Nationale de la Recherche.
‘Maison Soustraire. 8 semaines pour retirer 2/3 de la matière des 112 objets qui constituent mon lieu de vie – un appartement de la rue Neyron à Saint-Etienne.
Cela, pour disséquer un à un, les objets qu’une société contemporaine occidentale propose et ainsi questionner les traces d’un mode de vie qui se construit sans doute autour de ceux-ci. J’habiterai les différentes réalités matérielles successives de cet environnement domestique en ruine.
Mon chien se joint à moi, je fais usage de 109 objets et lui de 3.’
Maison Soustraire s’appuie sur l’hypothèse d’une réalité toute proche dans laquelle la baisse des moyens matériels transformerait nos environnements domestiques et les objets qui les composent. Cette possibilité m’a conduite à tester les restes et traces d’un mode de vie actuel comme de nouvelles formes praticables.
Les objets constituant la globalité de l’environnement domestique étaient au nombre de 112 au début de l’expérimentation, une soustraction de 2/3 de matière (par le poids) s’est appliquée à chacun d’entre eux. Chaque objet a été suivi et documenté tout au long du projet, depuis son achat en passant par ses transformations, ses hybridations et jusqu’à son dernier usage au sein de l’appartement. La vaste documentation et les multiples données issues de cette expérience sont, en 2023, toujours en cours d’exploitation. Des collaborations interdisciplinaires s’appliquent à constituer une étude la plus complète possible.
SÉRIE PHOTOGRAPHIQUE
LES GOMMAGES
2018 – série en cours
Une manie soustractive m’oblige régulièrement, en réaction à des scènes de tous les jours, à gommer mentalement des éléments qui, selon moi, ne participent pas à une amélioration quelconque du quotidien et sont des encombrants physiques ou visuels. Une partie de ces réflexions de terrain se matérialise à travers la série Les gommages. Construit à partir de photographies de mon quotidien, ce travail dénonce de façon subjective, des présences peu sensées, des excroissances malheureuses en les effaçant.
‘J’étais dans une salle des urgences où des rideaux pliants en PVC étaient installés pour séparer les lits. Sur la surface et sur toute la hauteur de chaque dernier volet des rideaux étaient imprimés un brin d’herbe et une coccinelle, l’option «impression nature» du catalogue du fabricant. Visuellement cela donnait : une coccinelle sur un brin d’herbe de 2 mètres de haut – les jambes d’une vieille dame chaussées de charentaises – la même coccinelle sur un brin d’herbe de 2 mètres – des pieds tordus de douleur – une troisième fois la coccinelle et le brin d’herbe – un lit vide…La présence de ces impressions produisait cette alternance ridicule et rendait cette vision pénible, bien plus pour moi que si les rideaux étaient restés blancs et uniformes. Ce décor faisait claquer plus sèchement la réalité – premier gommage.’
projet expérimental
UNE PÉNURIE
28.06-07.07.2018
dans le cadre de l’exposition «Halte à la croissance !», au CID au Grand-Hornu en Belgique.
«La designer Mathilde Pellé habite ici confortablement, mais une pénurie de matière met en péril la société dans laquelle elle vit. Chaque jour, suite à la mise en place d’une nouvelle taxe, elle doit fournir à l’état 9 kilos de matériaux quelconques issus de son habitation. Pour répondre à cette obligation, elle commence alors un travail de prélèvement de matière dans son environnement domestique. Elle soustrait les ornements, gratte le superflu, lime l’essentiel et essaye de préserver les objets qui l’entourent et les fonctions qu’ils remplissent.Ce nouveau projet expérimental est une fable contemporaine sans morale qui dessine un futur proche où les idées de confort et de consommation admises actuellement seraient complètement ébranlées par une baisse des moyens matériels.»
projet expérimental
LES OBJETS DISPARAISSENT
09.03-09.04.2017
La designer Mathilde Pellé habite un appartement de la Rue de la République à Saint-Étienne. Elle y mène, jour après jour, un projet expérimental sur la soustraction d’objets et de matière. Son environnement de départ est constitué de 65 objets et éléments de mobilier communs de l’habitat ; deux objets sont soustraits à la fin de chaque jour, l’un choisi par vote des visiteurs, l’autre par la designer elle-même. Entre épuration d’un environnement domestique et simulation d’une situation précaire, le projet cherchait à soulever ces questions :
. Dans quelle mesure peut-on supprimer des objets et les ‘besoins’ auxquels ils répondent? pour quels effets?
. En supprimant l’objet spécialement dédié à une fonction, quelles pratiques, méthodes ou moyens alternatifs apparaissent pour combler le manque?
. Pendant l’expérimentation, quel sens prennent le vide et l’absence – à l’échelle de l’objet et dans l’espace d’habitation?